« Nous étions la seule équipe européenne autorisée à faire une présentation à l'occasion d'un événement sur l'IA à la Maison Blanche »

Transformer les données et l'intelligence artificielle d'une promesse en un bénéfice clinique réel, voilà en un mot la mission d'Anca Bucur. À l'origine, c'était son rôle chez Philips en tant qu'informaticienne, mais ce rôle s'est progressivement élargi à celui d'inventeur, d'entrepreneur et d'expert pour la Commission européenne.

Elle a même obtenu un ticket pour un hackathon à la Maison Blanche.

L'intelligence artificielle (IA) est considérée comme l'une des technologies les plus prometteuses dans le domaine des soins de santé et d'autres secteurs. Quand a commencé votre fascination pour l'IA ?

« Bien avant qu'elle ne devienne aussi connue, je dirais. Peu après mon arrivée chez Philips en 2003, je me suis intéressée à deux domaines en particulier : le machine learning et le semantic reasoning. Aujourd'hui, heureusement, les gens sont devenus beaucoup plus conscients du véritable potentiel de l'IA au fur et à mesure de son développement et de sa maturation. »

« Dans le cadre de mon travail, j'aide mes collègues de la recherche et du secteur des entreprises à réaliser le potentiel de l'IA dans tous nos pôles d'activité. Ensemble, nous examinons comment améliorer encore nos produits en utilisant l'IA de nouvelle génération afin d'ajouter des avantages tangibles pour nos clients. »

Où se trouvent, selon vous, les plus grandes opportunités ?

« Nous utilisons déjà l'IA de diverses manières, par exemple pour générer des images IRM plus rapides et de meilleure qualité, pour prédire la maintenance des systèmes et pour détecter les habitudes de sommeil. La plus grande opportunité, c'est pour moi de voir plus grand. Nous pouvons au quotidien faire de petits pas pour améliorer notre technologie petit à petit, et c'est bien, mais je me mets toujours au défi, ainsi que les autres, de voir plus grand. Que pourrons-nous faire avec l'IA dans 5 ou 10 ans ? Et que devons-nous faire aujourd'hui pour que cela se produise ? »

« C'est aussi une chose que j'entends souvent de la part de cliniciens avec qui nous travaillons beaucoup pour faire progresser l'innovation technologique dans les soins de santé. Ils attendent également de nous, en tant qu'entreprise de technologie de la santé, que nous voyions grand, que nous ayons une vision claire de l'avenir des soins de santé et que nous agissions en conséquence afin d'y parvenir. Pouvoir jouer un rôle dans ce domaine me procure la plus grande satisfaction. »

La technologie et la coopération sur le terrain jouent un rôle important dans votre travail. Laquelle des deux préférez-vous ?

« Je crois maintenant que l'une ne peut exister sans l'autre. Petit à petit, mon rôle s'est élargi, pour devenir celui d'une informaticienne possédant des connaissances cliniques approfondies et celui d'une entrepreneuse.  En 2017, j'ai eu l'opportunité de créer une nouvelle technologie au sein de Philips, appelée Cohort Builder. J'ai eu l'impression de créer une entreprise au sein de Philips. Avec mon équipe, nous avons eu le temps et les ressources nécessaires pour créer une toute nouvelle offre. »

« Nous avons développé une technologie qui aide les hôpitaux à utiliser les données existantes pour la recherche clinique de la manière la plus efficace possible. C'est un défi majeur pour la plupart des hôpitaux. Il faut imaginer qu'ils font déjà beaucoup de recherches, par exemple pour comprendre et améliorer les résultats des traitements des patients. Ils mènent aussi plusieurs essais cliniques chaque année pour voir si un nouveau traitement fonctionne. Si chaque chercheur doit collecter lui-même les données des patients, à partir de sources différentes et hétérogènes, c'est totalement inefficace. »

« Cohort Builder est, comme son nom l'indique, une technologie qui permet de sélectionner des cohortes, par exemple des groupes de patients présentant certaines caractéristiques, à partir de grands référentiels de données. Cela permet à un utilisateur clinique d'explorer plus facilement les ensembles de données existants, plutôt que de collecter ou de rechercher de nouvelles données sur les patients pour chaque nouvelle question de recherche. »

« Cette aventure a ouvert des portes intéressantes. En 2019, notre équipe a été sélectionnée pour participer à un sprint technologique menant à une présentation finale à la Maison Blanche. Nous avons dû réfléchir à des moyens innovants pour améliorer le recrutement des patients pour les essais cliniques. Nous étions la seule équipe européenne présente, rejoignant des experts cliniques, des défenseurs, des agences gouvernementales américaines et des entreprises de technologie de la santé. Ce fut une expérience vraiment unique, et aussi une occasion de montrer que Philips est à la pointe de l'innovation dans ce domaine. »

Vous avez récemment remporté un prix de l'invention pour votre contribution à la recherche chez Philips. De quels brevets êtes-vous la plus fière ?

« Je suis très fière des brevets qui soutiennent notre stratégie dans le domaine des données et de l'IA. Il s'agit de brevets liés à la gestion fédérée des identités, aux environnements de confiance hétérogènes, à la création et à la validation de la vérité-terrain. Même s'ils ont été créés il y a des années, ils sont pertinents pour notre activité de mise à l'échelle de l'IA. »

Au sein de Philips, des milliers d'inventeurs travaillent chaque jour sur les technologies de demain. Qu'est-ce qui les motive ? Comment trouvent-ils leurs idées et comment réussissent-ils à les commercialiser ? Dans la série Impactful Inventors (Inventeurs influents), nous répondons à ces questions.