À l’occasion de la Journée mondiale du sommeil, Philips a organisé une étude mondiale sur le comportement et la qualité du sommeil. Les chiffres laissent peu de place au doute : nous sommes conscients de l’importance du sommeil, mais sa qualité laisse souvent à désirer. Nous en avons parlé avec le Dr Johan Newell, médecin du sommeil au CHU Brugmann, pour mieux comprendre le sens de ces résultats et découvrir comment nous pouvons revoir nos habitudes.
L’insomnie reste le trouble du sommeil le plus fréquent. Nous connaissons tous de courtes périodes d’insomnie, mais ce problème est chronique pour 10 à 15 % de la population. Les plaintes découlent souvent de choix inconscients ou conscients : nous dormons trop peu ou choisissons de dormir moins pour mieux profiter de la journée. L’hygiène du sommeil joue, en outre, un rôle important. Utiliser un smartphone au lit ou aller dormir à des heures aléatoires nuit à la qualité du sommeil. De nombreux troubles du sommeil ont cependant une origine médicale. Les problèmes respiratoires, comme le ronflement et l’apnée, ou le syndrome des jambes sans repos peuvent occasionner une détérioration importante de la qualité du sommeil. Bien que le sommeil soit perturbé ou altéré dans chacun de ces cas, c’est cette dernière catégorie en particulier qui nécessite une assistance médicale spécialisée. En parallèle, un certain nombre d’idées fausses subsistent quant au sommeil. Certaines personnes ont, par exemple, un schéma de sommeil différent pendant le week-end, malgré le fait que le besoin de sommeil reste inchangé. En outre, l’idée selon laquelle nous pouvons « récupérer » notre retard de sommeil n’est pas tout à fait vraie. À très court terme, vous pouvez certes compenser un certain nombre de nuits courtes par une sieste ou un sommeil prolongé, mais le manque de sommeil chronique est impossible à absorber.
Nous devons prendre notre sommeil au sérieux et agir en conséquence. Nous savons tous, par exemple, que le tabagisme nuit à la santé, que le sport est sain et que les téléphones portables au volant sont dangereux. Et pourtant… Un grand nombre de personnes n’adaptent toujours pas leur comportement sur base de ces connaissances. Les changements de comportement permanents prennent du temps et exigent plus que de simples connaissances. Énormément de choses sont possibles à domicile, sans accompagnement. La chambre à coucher devrait ainsi vraiment être une « chambre à coucher », un espace propice au sommeil et à l’intimité, dont toute autre activité stimulante comme regarder la télévision doit être bannie. Se lever à la même heure, prendre des repas légers, éviter les substances stimulantes comme la caféine et faire suffisamment d’exercice pendant la journée sont autant d’étapes importantes pour mieux dormir. Si cette hygiène de vie n’offre pas de solution, le patient doit en parler avec le médecin généraliste et, faute de réponse à ce stade, se rendre dans un centre du sommeil spécialisé, parce que l'approche à ce moment-là nécessite une approche spécifique.
Certainement. Lorsque nous sommes exposés au stress, notre organisme produit toute une gamme de substances qui peuvent perturber notre sommeil. Nous nous endormons moins facilement ou dormons moins bien, ce qui peut causer de l’irritation et des tensions supplémentaires. La solution la plus durable consiste logiquement à éliminer les facteurs de stress, mais ce n’est pas toujours évident. Des mesures simples peuvent toutefois être prises dans ce cadre-là aussi. Effectuer des exercices de respiration pendant la journée peut faciliter l’évacuation des tensions accumulées. Tenir un journal dans lequel les gens se libèrent systématiquement de leurs préoccupations peut aussi être utile. Si de tels petits gestes restent sans effet, nous devons à nouveau nous pencher sur les causes sous-jacentes possibles. Avec ou sans stress, les gens tiennent trop souvent le sommeil pour acquis. Pourtant, le sommeil a un trop grand impact sur notre santé, tant mentale que physique, pour ne pas l’envisager en toute connaissance de cause.
Les développements technologiques peuvent éventuellement prendre une place importante à relativement court terme, tant en ce qui concerne le diagnostic que le traitement des différents troubles du sommeil. Par exemple, il existe déjà des applications qualitatives qui peuvent guider les gens dans leur gestion du stress, des cours en ligne validés pour les personnes souffrant d'insomnie chronique, des dispositifs qui peuvent aider à augmenter la quantité de sommeil profond chez les personnes qui bénéficient d’un sommeil de bonne qualité ou des traceurs d'activité qui peuvent utiliser des algorithmes sophistiqués pour aider les gens à estimer leur structure du sommeil et surveiller leur rythme jour-nuit sur une longue période. Enfin, nous devons attendre des dispositifs plus simples et moins coûteux qui peuvent être utilisés en première ligne pour dépister l'apnée du sommeil.
Malgré une forte augmentation de la médiatisation du sommeil ces dernières années, les règles de base de l'hygiène du sommeil n'ont toujours pas été intégrées dans une grande partie de la population. Et si un problème de sommeil plus grave survient, les patients et les médecins ne sont toujours pas suffisamment conscients de l'existence de centres du sommeil spécialisés et de spécialistes du sommeil qui peuvent les aider à résoudre leurs problèmes.