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Perspective Médicale

2017 est l'année où les soins de santé vont rejoindre la science-fiction

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En ce début de nouvelle année, il est de tradition de formuler des objectifs pour l’année qui vient. Les acteurs du monde universitaire, de l'industrie, des ONG et des États, réunis dans le cadre de l'assemblée annuelle du Forum économique mondial à Davos, essaieront de faire de même pour s'atteler aux enjeux les plus urgents de l’Humanité.

En 2016, l’assemblée avait été placée sous le thème de la quatrième révolution industrielle. Nous nous étions entretenus des répercussions des technologies numériques telles que l'Internet des objets et l'intelligence artificielle (IA). Cette année, le leadership réceptif et responsable est à l’ordre du jour. Compte tenu des événements de l'année passée, il est impératif que les décideurs œuvrent ensemble à rétablir la confiance dans une société ouverte et équitable.

Plus que jamais, la technologie est au cœur des désordres sociaux et commerciaux. Il ne se passe pas un jour sans innovations dans le domaine de la technologie et des modèles économiques. Nous nous penchons désormais sur leurs conséquences pour l'emploi, la cohésion sociale et la santé. La technologie numérique est aussi appelée à jouer un rôle décisif pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Gérée correctement, elle pourra offrir de nouveaux modes de prise en charge, fournir des soins de santé à des milliards d'individus qui en sont privés et nous donner les outils pour démocratiser les savoirs médicaux.

Rendre les soins de santé vraiment accessibles 

Les soins de santé demeurent l'un des défis majeurs, car ils engloutissent une part toujours plus importante du PIB dans la plupart des sociétés, en particulier celles dont la population est vieillissante. Les soins de santé concernent chaque individu et restent un thème politique très débattu. Le National Health Service (NHS) au Royaume-Uni a été à ce titre un enjeu majeur de la campagne sur le Brexit. Aux États-Unis, la loi Accountable Care Act (Loi sur la Protection des Patients et les Soins abordables, surnommée Obamacare) est sur la sellette. Pour l’heure, tout le monde n’a pas accès aux soins médicaux de base et, là où ils sont disponibles, les disparités sont grandes. Force est de constater que les modèles de santé actuels, hérités du milieu du siècle dernier, ne répondent plus efficacement aux besoins médicaux chroniques d'aujourd'hui.

Comment pouvons-nous faire une différence dans la vie de milliards de personnes atteintes de troubles neurologiques, de diabète, d'insuffisance cardiaque, de maladies pulmonaires et de cancer ? Les technologies qui relevaient autrefois de la plus pure science-fiction sont en train de devenir réalité. Les technologies de détection et l’informatique dans le cloud atteignent leur maturité. Nous pouvons désormais intégrer de vastes quantités de données médicales et contextuelles pour apporter aux professionnels de la santé des indices plus approfondis et plus prédictifs de la santé d'un individu. Nous sommes en mesure d’exporter les soins de santé dans des lieux auparavant inaccessibles.

En Inde, par exemple, le manque de personnel et d'équipements médicaux de première importance dans les régions reculées du pays entraîne de lourdes pertes humaines chaque année. La solution est de rendre le savoir-faire médical disponible à grande échelle, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, en ayant recours à la télésanté à distance, étayée par des algorithmes qui facilitent l’identification des patients nécessitant une intervention. De grands prestataires comme Fortis Health et Manipal gèrent avec succès des centres de télésanté. Nous devons adopter ces pratiques et faire en sorte d'étendre nos systèmes de gestion des données médicales et nos modèles de remboursement aux soins connectés pour tous.

Les bonnes informations au bon moment 

Grâce à l’intelligence artificielle, nous pourrons réaliser de grands progrès en matière de diagnostic de précision et de traitement à haut degré de personnalisation. Nous disposons déjà de systèmes de production capables de lire et d'interpréter de gros volumes de données patient, anciennes et actuelles, provenant de sources multiples. Il est désormais possible de rassembler des informations autrefois compartimentées (études, observations, résultats d’examen, clichés et dossiers médicaux électroniques) pour en faire des données compréhensibles et interfonctionnelles. L’intelligence artificielle peut parcourir des milliers de documents universitaires en quelques secondes. Fait plus important, l'IA est capable de fournir la bonne information au bon moment dans le bon contexte - celui du patient proprement dit. Le praticien est alors capable de poser tout de suite le bon diagnostic, avant de proposer des options thérapeutiques plus personnalisées et d'améliorer le pronostic, tout en limitant la gabegie.

Les médecins peuvent désormais assister leurs patients à distance. Nous déployons déjà des technologies de surveillance vocale et vidéo basées sur l'IA pour contrôler à distance l'état de santé physique et mentale de patients. L'IA s'avère un adjoint très utile pour poser plus rapidement un diagnostic et établir un traitement du cancer par l’interprétation des clichés médicaux, l’identification de biomarqueurs sur les tissus cancéreux et l’analyse génétique.

Face au déploiement à grande échelle du dossier médical informatique et de la technologie de surveillance, la quantité de données recueillies par les organismes de santé connaît une croissance exponentielle. Le potentiel d'utilisation de cette manne d'informations pour améliorer le pronostic n'a pas encore été pleinement exploité. Nous manquons de la réactivité nécessaire pour faire en sorte que chaque moment médical enrichisse la connaissance. À titre d’exemple, en appliquant des facteurs de risque du cancer du sein à des profils détaillés de patientes, dont des critères comme les antécédents familiaux, voire le profil génétique, nous pourrons mettre au point des programmes plus personnalisés. Nous pourrons créer des profils toujours plus affinés et mener des programmes de dépistage plus personnalisés, pour améliorer le pronostic et réduire les coûts. Le cas de chaque femme nous aidera à encore optimiser les programmes de dépistage, de diagnostic et de traitement.

Les appareils et les wearables intelligents (à ingérer ou à implanter) ont un rôle à jour dans l’accès aux soins de santé. Ces dispositifs suppléent leurs utilisateurs et recueillent en permanence leurs constantes vitales et contextuelles pour permettre aux professionnels de la santé de surveiller leur état de santé à tout moment, gage de soins de santé plus proactifs et plus personnalisés. Ces données et leur contexte peuvent déclencher des alertes en cas de changement d'un faisceau d’indices qui trahissent une urgence. La surveillance à distance se traduit par un recul des réhospitalisations, une intervention plus rapide en cas d’urgence et des soins plus immédiats. On évite ainsi la détérioration de l’état de santé ou des incidents, tels que les accidents vasculaires cérébraux ou les chutes. De nombreuses études menées dans différentes parties du monde indiquent que les soins connectés améliorent la prise en charge médicale à un coût nettement inférieur, tout au long du parcours de santé.

Et les possibilités ne se cantonnent pas à l'IA et aux wearables. Il y a 15 ans, Philips inventait le concept d'intelligence ambiante. Avec l’avènement de l'Internet des Objets, son heure est à présent venue. L’intelligence ambiante concerne les appareils intelligents, sensibles et réceptifs à leurs utilisateurs et à leur environnement. Les technologies sans fil et les environnements intelligents joueront un rôle vital dans la prestation des soins de santé en s'adaptant aux besoins des patients et en procurant au personnel soignant des informations utiles sur ces patients.

Prenons un exemple d'utilisation potentielle, celui d'une personne âgée qui habite seule. Elle porte un collier intelligent qui lui parle, lui rappelle de prendre ses médicaments, lui signale l’heure des repas et surveille tous ses déplacements. Les lampes s'allument automatiquement quand elle se lève la nuit. Si son état de santé se détériore, elle sera mise en contact avec un soignant. Si elle fait une chute, le service des urgences sera prévenu automatiquement et une ambulance sera envoyée chez elle. Les infirmiers auront accès à ses antécédents médicaux ; leur moniteur se configurera automatiquement en fonction des spécificités de la patiente. L'information sera envoyée à l'hôpital, où l'équipe pourra se préparer à accueillir la patiente. Elle sera automatiquement inscrite et mise sous monitoring à l'arrivée. Le respirateur s'ajustera automatiquement et enregistrera ses constantes vitales.

Ces technologies et approches favorisent la qualité et l'efficacité des soins tout en maintenant l'autonomie et la qualité de vie du patient. Ces technologies sont loin d’être utopiques. Elles sont déjà utilisées par des millions d’individus. Nous devons à présent généraliser ces modèles performants.

Le monde occidental n’est pas le seul à pouvoir en bénéficier : notre indice Philips Future Health a révélé que la population se sentait déjà plus à l'aise de recourir aux technologies connectées dans un tiers des pays émergents (30%), contre près de la moitié (49%) pour les pays industrialisés, pour disposer de pistes alternatives pour consulter des professionnels des soins de santé. Ils « brûlent les étapes » : l'éloignement et la rareté des soins de santé les incitent à trouver des solutions très novatrices au problème en tirant parti de l'infrastructure mobile omniprésente. Les technologies sont déjà accessibles à ceux qui en ont besoin. L’objectif est donc parfaitement réalisable à l'avenir et les conséquences pourraient être considérables.

Bien qu'il n'existe pas de panacée, je suis certain qu'en favorisant le dialogue et la collaboration, il est possible de réaliser de grands progrès pour placer ces enjeux sur le devant de la scène et faire de 2017 une année révolutionnaire pour les soins connectés. Nous portons une responsabilité et nous devons nous assurer que chacun puisse tirer parti des magnifiques possibilités de la technologie numérique, sans abandonner quiconque au bord du chemin qui conduit à la maturité numérique.

Résigé par

Jeroen Tas, Connected Care & Health Informatics, Philips
 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que son auteur, et non le Forum économique mondial.

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